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25 Kilomètres de Berlin – 5 leçons tirées de ma préparation

Vous aimez courir ? Moi pas.

Je cours par nécessité, par hygiène de vie.

Je cours pour faire comme les hamsters, pour ne pas péter un câble.

Au lieu d’étrangler quelqu’un ou de voter pour le front national, je mets ma vieille paire d’Adidas, mon bas de survêt et je cours jusqu’à ce je devienne un mélange de Mère Teresa et Mohandas Gandhi.

Vous l’avez compris, pour moi la course à pied, c’est plus un remède qu’autre chose.

C’est le Valium du pauvre. Et pourtant, j’ai fait une course de 25 kilomètres. Et j’ai bien fait.

1) Ce qui nous bloque le plus dans la vie, c’est le manque d’ouverture d’esprit

J’ai plein de potes qui courent.  Des marathons, des triathlons et même des trucs pires que ca.

J’ai toujours pensé qu’ils étaient un peu dingues. Je voyais pas vraiment l’intérêt.

Pour moi, c’était un délire de cadres supérieurs, de gens accros à la performance, une forme moderne d’autoflagellation.

Et je passe sur la mode des moules-burnes pour courir.

Pour toutes ces raisons, j’évitais d’aborder le sujet de la course à pied avec eux. Bref, j’étais bien au chaud dans mes préjugés.

C’est lorsqu’on a démarré le site Bouge Ton Q! que mon point de vue a changé.

Les premiers témoignages que nous avions recueillis venaient de personnes qui avaient fait des courses longues distance.

Pour la première fois, j’ai prêté l’oreille à des gens qui étaient dans ce genre de délire. Et quand on écoute sans juger, on comprend mieux les autres.

En écoutant « vraiment » les autres, on leur laisse la possibilité de nous changer.

En faisant preuve d’ouverture d’esprit, des choses qui paraissaient inconcevables entrent tout à coup dans l’ordre du possible. De nouvelles portes s’ouvrent et de nouvelles opportunités apparaissent à ceux qui savent saisir leur chance.

C’est ainsi, en lisant les témoignages de Michael qui a couru un triathlon ou des 20 km  de Paris courus par Olivier, que l’idée de faire un triathlon ou un semi-marathon est passé de la catégorie « ils sont dingues ces gens-là » à la catégorie « Hé pourquoi pas moi ? ».

Oui pourquoi pas moi ?

Après tout, c’est une nouvelle expérience. Puis ça me ferait pratiquer un sport régulièrement.

Est-ce que mon corps va tenir ? Qu’est-ce qu’il faut bouffer pour y arriver ? Combien de temps il faut s’entrainer ? J’étais de plus en plus curieux. Je voyais de plus en plus de bénéfices. J’étais de plus en plus excité.

Ni une ni deux, je me suis inscrit au BIG 25, une course de 25 kilomètres autour de Berlin avec un finish dans le stade Olympique. Excusez du peu.

C’est un bel objectif qui motive. Le genre de truc ou tu te dis que tu ne seras plus le même après l’avoir fait.

2) S’entraîner 7 jours sur 7 est plus facile que 3 jours sur 7

J’avais rarement couru plus d’une heure et jamais dépassé 10 kilomètres. J’étais motivé à fond par mon nouvel objectif. Pourtant, quand j’ai commencé la préparation, ça ne marchait pas.

Je m’étais fixé 3 séances par semaine. Mais tantôt parce qu’il pleuvait ou parce que j’étais pas en forme ou parce que j’avais piscine, il m’arrivait souvent de repousser une séance au lendemain, puis au surlendemain, puis à la semaine d’après.

Résultat : j’avais des gros trous dans ma préparation.

À quelques semaines de la course, je n’étais pas plus avancé et je sentais la panique monter.

Je me voyais déjà abandonner au bout de 10 kilomètres la tête basse devant les yeux de ma fille.

Par chance, je venais juste de sortir de l’âge de pierre en achetant mon premier smartphone.

Je remercie au passage tout mes potes qui se sont saignés pour me l’offrir pour mes quarante ans. J’ai alors installé l’application Nike+ qui propose un programme d’entraînement pour débutant.

J’ai vite déchanté lorsque j’ai vu que ce programme proposait une séance pour chaque jour de la semaine. Moi qui n’étais pas arrivé à faire 3 séances hebdomadaires, comment allais-je pouvoir en faire 7 ?

J’ai tout de même essayé le programme d’entrainement pendant une semaine juste pour voir.

Contre toute attente, les choses se sont passées à merveille. Je me levais chaque jour sans me poser de question. Je savais ce que j’avais à faire, quelle distance je devais courir, à quel rythme.

Et lorsque j’avais fini, la satisfaction était au rendez-vous. Cette fois-ci, ce n’était pas juste les endorphines qui étaient à l’œuvre, j’étais juste content d’avoir exécuté mon plan. J’étais heureux de me rapprocher de mon objectif.

À ce moment là, j’ai réalisé mon erreur initiale. Mon plan de départ était trop vague.

Je m’étais juste fixé 3 séances sans préciser quels jours je devais aller courir et à quel moment de la journée.

J’avais une vague idée de ce que je devais faire. Et du coup, je devais prendre plusieurs décisions le matin même.

Tiens, est-ce que je cours aujourd’hui ou demain ?

Est-ce que je fais une séance d’une heure lentement ou une demi-heure à vive allure.

On a pas idée combien ce genre de micro-décisions peut saper l’énergie et la motivation.

On a tous pris l’habitude de se brosser les dents chaque jour. C’est juste un automatisme, un truc qu’on fait machinalement sans y penser.

Imaginez que vous deviez vous brosser les dents juste 3 fois par semaine sans préciser quel jour.

Je vous garantis que juste le fait de vous demander, est-ce que je le fait aujourd’hui ou demain, cela vous prendra plus d’effort que de juste le faire.

En prévoyant de vous entrainer 7 jours sur 7 quoiqu’il arrive, vous n’avez plus de questions à vous poser. Vous basculez en mode « Just do it ».

3) Les bénéfices d’une course dépassent largement le cadre du sport

Pendant deux mois, je suis allé courir tous les jours. C’était devenu un truc que je faisais le matin au saut du lit. Cette nouvelle habitude a tout régulé dans ma vie.

J’avais la pêche, j’étais d’une humeur constante, je dormais bien et je ne me couchais plus si tard.

Des fois, je me retrouvais chez le voisin du dessus, car sans m’en apercevoir, j’avais grimpé un étage de trop.

Le plus inattendu, c’est qu’en acceptant de courir quoiqu’il arrive, j’ai appris à accepter tout ce qui arrivait.

Lorsqu’il pleuvait, je me concentrais sur les gouttes d’eau qui ruisselaient sur mon visage. Je ressentais un peu la joie que j’avais lorsqu’enfant, je sortais sous les pluies diluviennes au Vietnam.

En courant dans le bois de Tiergarten, je développais de plus en plus une espèce de relation mystique avec la nature environnante.

Comme je faisais toujours le même parcours, entre le mois de mars et le mois de mai, j’avais vu la nature changer quotidiennement.

J’ai vu les arbres bourgeonner et les feuilles verdir. J’ai vu les premières fleurs éclore. Je me suis surpris à « parler » aux arbres tellement tout ce petit monde m’était devenu familier.

J’ai réalisé combien nous étions formatés à redouter les intempéries. Combien j’étais devenu indifférent à la nature, aveugle à sa beauté, sourd à son langage.

J’ai réalisé à quel point, nous les « adultes », nous les citadins avions perdu notre faculté à apprécier les choses simples.

4) Se concentrer sur le processus plutôt que sur le résultat

Mon plan d’entrainement fonctionnait à merveille. Après quelques semaines, je passais le cap des 15 kilomètres. J’avais l’impression qu’au delà de ce cap, je pouvais courir éternellement.

Après 15 kilomètres mon cerveau arrêtait tout simplement de me rappeler que courir était fatiguant. Et cela ne faisait aucune différence que je fasse 15, 16, ou 22 kilomètres.

Puis le jour J est arrivé.

J’ai un peu morflé sur les 3 derniers kilomètres en montée permanente. Mais en dehors de cela, ce n’était pas bien différent d’un entrainement.

À l’issue d’un tunnel sans fin sous le stade, j’arrivais enfin sur la piste  bleu du stade Olympique. C’était une sensation extra-ordinaire.

Je venais de courir 25 kilomètres en 2 heure 30. Je reçois ma médaille à l’arrivée puis je remonte les gradins jusqu’à la sortie. Je n’avais qu’une chose en tête : rentrer à la maison et manger une douzaine de poulets.

Stade Olympique de Berlin

Avec le recul, ce n’est pas la course elle-même que je retiens, mais toutes les sorties qui l’ont précédée.

Toutes ces matinées où j’ai vérifié que le signal GPS de Nike+ était bien vert avant de commencer à courir.

Ces moments où j’accélère pour pas me faire distancer par le vieux qui vient de me dépasser.

La buée sur mes lunettes quand je rentre dans la boulangerie à la fin d’un entrainement.

Les bouteilles de lait que j’éclate d’une seule traite.

Les bains chauds après l’effort.

Ce sont toutes les sensations, les pensées, les émotions que l’on traverse. C’est la transformation qui s’observe à l’intérieur de soi pour passer du Hong qui peine à faire 5 kilomètres au Hong qui trouve ça normal d’en faire 20.

C’est là que je comprends que ces courses ou ces objectifs un tant soit peu ambitieux qu’on se fixe, ce sont juste des prétextes. Ce ne sont pas des fins en soi.

« L’important, c’est d’y prendre part.. » disait l’ami Pierre.

Ce sont des voyages, des escapades en dehors de notre zone de confort qui nous font goûter à la vie telle qu’elle est et non pas telle qu’on se l’imagine depuis nos certitudes et nos peurs.

5) Chaque objectif vous prépare pour le suivant

Est-ce que je suis devenu un surhomme depuis cette course ? Est-ce que j’ai couru des ultra-marathons ? Non.

La vie et le quotidien ont vite repris leur cours. Un nouveau boulot, un nouveau gamin, de nouvelles priorités et tout est plus ou moins revenu comme avant.

Je n’ai pas mis mes running depuis 6 mois. Je ne sais même plus ce que transpirer veut dire. Je ne sors plus sans mon Damart et dès les premières gouttes de pluie, j’ai envie d’annexer l’Autriche-Hongrie.

C’est un peu comme si tous les bienfaits de cette période intense s’étaient envolés. Presque tout.

Ce qui reste c’est l’expérience, le souvenir, de nouveaux repères pour mes projets futurs.

Ce sont ces leçons que je viens de vous présenter. Des leçons que j’ai déjà mises à contribution. Pour la musique notamment.

Je travaille maintenant la musique quotidiennement. Juste 20 minutes ou une demi-heure chaque jour au lieu d’une journée de temps en temps.

Je me juge moins. Je ne dévalorise plus ce que je fais. Je ne passe plus mon temps à me demander si ma musique est bonne ou si j’ai assez de talent.

Je sais que nous sommes tous des êtres en construction, qu’il n’y a pas de fin.

Alors je me montre comme je suis, je n’attends plus de jouer comme Jimi Hendrix ou de chanter comme Pavarotti pour montrer ce que je fais.

J’ai maintenant confiance que le travail paye. Il ne paye pas juste parce qu’il va donner des résultats, mais surtout parce qu’il me transforme chaque jour.

Et j’en suis reconnaissant.

Vous avez un projet qui vous est cher et vous n’avancez pas ?

Comment pouvez-vous vous organiser pour en faire peu tous les jours ? Qui peut vous aider à faire ce découpage ? Quel ami ? Quel coach ? Quelle apps ? Quel livre ? Quelle méthode ?

Des méthodes de langues comme Assimil ou Gymglish sont basées sur des lecons quotidiennes qui ne prennent pas plus de 20 minutes.

Vous pouvez apprendre la guitare, le piano ou le chant en ligne sur imusic-school. Les cours sont découpés en vidéos qui dépassent rarement 10 minutes. Dans deux mois, avec une pratique quotidienne, vous ne serez déjà plus un débutant.

C’est vrai pour la musique. C’est vrai pour les langues. C’est vrai pour la course à pied. Mais ca l’est aussi pour toute compétence professionnelle.

Vous voulez changer de carrière ? Listez les nouvelles compétences ou expériences qui doivent apparaître sur votre CV et procédez pas à pas pour les acquérir. Un pas après l’autre. Un jour après l’autre. Une compétence après l’autre.

Et vous savez quoi ? Chaque jour, vous aurez votre moment de fierté et de bonheur simple. Au moment de refermer votre livre ou votre ordinateur. Au moment de poser votre guitare ou d’enlever vos chaussures de sport, vous pourrez vous faire une petite tape sur l’épaule. Parce que vous avez pris soin de vous. Vous avez pris soin de vos envies. Vous avez pris soin de vos rêves. Et il n’y a que vous qui puissiez le faire.

Vous n’avez pas encore découvert ce qui vous fait vibrer ? Pas de panique, soyez ouverts.

Demandez aux autres de vous raconter ce qui les font se lever chaque matin avec enthousiasme.

Essayez de nouvelles choses.

Lisez les témoignages sur ce site et laissez vous transformer par ceux qui se bougent.

Jetez-vous à l’eau.

Vous ne le regretterez pas.

Hong

PS: Pour ceux qui n’ont pas réussi à s’inscrire au marathon ou au semi-marathon de Berlin, je vous recommande le BIG 25. C’est quasiment le même parcours avec moins de monde et on peut presque s’inscrire au dernier moment. Voici le site pour les inscriptions http://berlin-laeuft.de/

2 Commentaires

  1. Merci Sandrino pour ce bel article!
    Avoir des objectifs, c’est juste vital pour l’être humain. Les seuls qui n’en n’ont pas sont au cimetière… ou dépressifs.
    Notre cerveau a besoin d’objectifs pour avancer comme un oiseau a besoin d’ailes pour voler.

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