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Ils ont tout quitté pour ouvrir un restaurant

Alessandra était assistante de direction, Olivier était monteur dans l’audiovisuel. Ils rêvaient de se reconvertir et d’ouvrir un restaurant.

En 2012, ils réalisent finalement leur rêve. Leur restaurant Tempero ouvre ses portes dans le 13ème arrondissement de Paris et fait un véritable carton.

Ils ont ouvert un restaurant : Écouter le témoignage audio

Transcription texte de l’interview

Bonjour Alessandra et Olivier, je vous interviewe aujourd’hui, car j’ai découvert récemment votre restaurant et appris que vous n’étiez pas restaurateurs initialement, mais que vous vous étiez reconvertis. Tout d’abord, quel était votre métier avant cette reconversion ?

A : J’étais assistante de direction pour une société qui vend du matériel de recherche médicale

O : J’ai à la base une formation de monteur vidéo et je travaillais donc dans ce domaine. Mais j’ai aussi travaillé dans le bâtiment, dans la musique.

J’en avais marre de rester assise dans un bureau devant un ordinateur.

Qu’est-ce qui vous a motivé à changer ?

A : J’en avais marre de rester assise dans un bureau devant un ordinateur. J’aimais bien passer du temps à chercher des recettes de cuisine sur Internet, à feuilleter des livres de cuisine. C’était il y a 5 ans, il n’y avait pas encore toutes les émissions de cuisine qu’on voit à la télé maintenant. Et puis, avec Olivier, on s’est dit « pourquoi pas » et puis voilà.

O : De mon côté, c’était aussi une question d’argent, car tout ce que j’ai fait ne me permettait jamais de vivre très bien, j’ai souvent fait des petits boulots pour joindre les deux bouts. Et on aimait cuisiner tous les deux énormément, on l’a toujours fait.

On invitait des amis à la maison, on se faisait de super gueuletons et on nous disait souvent « pourquoi vous n’ouvrez pas un restaurant ». L’idée a fait son chemin et du coup, on a fait de petites expériences pour savoir si on avait vraiment envie de faire ça.

On a monté un projet de livraison à domicile, on a commencé par faire des anniversaires, des mariages, des baptêmes, histoire de se mettre à l’épreuve. Parce qu’on savait cuisiner pour 5 ou 6 personnes, mais ce n’est pas pareil d’envoyer 80 à 100 couverts en 10 minutes pour un mariage.

Quand vous avez annoncé à votre entourage que vous souhaitiez changer de vie, de métier, quelles ont été les réactions de vos amis et de votre famille ?

A : Au début, la famille était plutôt inquiète. Ils ne comprenaient pas trop pourquoi quitter un bon boulot stable pour s’aventurer dans ce domaine difficile et incertain.

O : De la part des copains, ça a été très encourageant, ils connaissaient notre cuisine, notre passion. En revanche, avec les gens du métier, c’était des réactions du type « vous n’avez pas de formation, c’est un métier super dur, faut pas le faire, ça va vous pourrir la vie.

Si votre couple marche bien, vous allez divorcer dans les deux ans, etc. ». D’un point de vue des professionnels, c’était plutôt décourageant. Mais ça ne nous a pas découragés.

Vous avez ouvert ce restaurant en avril 2012. Combien de temps cela vous a-t-il pris entre la prise de décision et l’ouverture ?

A : Et on peut compter aussi les deux années supplémentaires qui précédaient, où on a fait nos tests de livraison à domicile ou d’évènementiel.

O : À partir du moment où on s’est vraiment décidé à monter le restaurant, ça nous a pris deux ans. Le temps de monter le projet, c’est-à-dire tout ce qui est administratif, le business plan, écrire le projet, et toute la recherche. En fait, ça a pris le temps de la formation d’Alessandra, son CAP pâtisserie, puis son CAP cuisine. C’est donc dans cette période-là où on a vraiment monté le projet.

Voilà, c’est ça qu’on veut faire, on aime rendre les gens heureux, voir leur sourire, les voir manger ce qu’on a cuisiné et dire que c’est bon.

Vous l’avez évoqué tout à l’heure, vous avez procédé à quelques essais avant de vous lancer vraiment. Pouvez-vous m’en dire plus ?

A : On a organisé des mariages et d’autres évènements de ce type. On voulait se mettre à l’épreuve, savoir comment on gérerait le stress, les cuissons, etc. Et on s’est rendu compte qu’on était vraiment heureux après chaque évènement. Les gens qui applaudissaient pour nous féliciter. On était tellement heureux d’être là, de donner le meilleur de nous pour rendre heureux les gens.

Et on s’est dit : voilà, c’est ça qu’on veut faire, on aime rendre les gens heureux, voir leur sourire, les voir manger ce qu’on a cuisiné et dire que c’est bon. C’est ça qui nous fait vivre, qui nous pousse à le faire. Et puis après, on ne voulait plus faire que ça, c’était foutu (rires).

On a travaillé comme ça pendant un an en tant que traiteur en quelque sorte. Ce qui nous a permis quand on est allés voir les banques de montrer qu’on avait de l’expérience dans le domaine.

Vous avez donc créé une première structure lorsque vous cuisiniez pour ces évènements ?

O : Au début, on ne l’a pas fait, car on cuisinait seulement pour les amis. On le faisait en tant que hobby, rien de professionnel. Et puis comme ça prenait de l’ampleur, on cuisinait aussi pour les amis des amis, puis des inconnus. C’est-à-dire que le bouche-à-oreille fonctionnait très bien.

On a alors décidé de passer en statut autoentrepreneur. On a travaillé comme ça pendant un an en tant que traiteur en quelque sorte. Ce qui nous a permis quand on est allés voir les banques de montrer qu’on avait de l’expérience dans le domaine.

Cela a été très important, car les banques étaient très sensibles au fait qu’on ait une expérience réussie dans le domaine de la restauration, qu’on n’avait pas pris la décision en ayant regardé une émission culinaire à la télé. Et aussi qu’Alessandra était diplômée.

Venons-y justement. Alessandra, tu as donc repris tes études pour faire un CAP, tu as quitté ton travail ou tu es partie en congé formation ?

A : J’ai effectué une demande de financement de ma formation au FONGECIF (CIF) et heureusement, cela a été accepté dès ma première demande. Cela m’a permis d’avoir ma formation financée et mon salaire pendant que je suivais cette formation.

Je ne remercierai jamais assez ces personnes m’ayant donné les moyens de m’être fait confiance et de me permettre de me former. J’ai choisi un organisme et suis partie pendant 8 mois en formation intensive. J’ai vraiment découvert le monde de la restauration et évolué auprès d’un chef.

J’ai aussi découvert ce domaine pour une femme, ce qui n’est pas facile, car il y a très peu de femmes en cuisine. C’est encore mal accepté. Il fallait de la force, du courage et garder en tête l’objectif final de cette expérience. J’ai commencé par un CAP cuisine avec des stages dans de grands restaurants puis continué avec un CAP pâtisserie.

Et toi Olivier, comment t’es-tu formé ?

O : Moi, je n’ai pratiquement aucune expérience dans les cuisines de restaurant mise à part sur un bateau sur lequel je bossais dans le passé. Mais ce n’était pas prévu initialement, il n’y avait personne d’autre alors c’est moi qui cuisinais pour tout le personnel. Je n’ai donc pas eu l’expérience d’un commis de cuisine ou d’un second dans un restaurant.

C’est Alessandra qui te faisait profiter de sa formation ?

O : C’est exactement cela. Quand elle était en formation, j’en profitais tous les soirs. Elle avait acheté des livres, j’ai bossé dessus comme elle. Le soir, elle me faisait des résumés de ce qu’elle avait fait la journée, des techniques qu’elles avaient apprises. J’ai vraiment profité du CAP d’Alessandra pour me former aussi. Et cela lui permettait aussi de retravailler ce qu’elle avait appris dans la journée.

Comment avez-vous trouvé les locaux ? Est-ce que c’est compliqué ?

O : Ça a été très long. D’abord parce qu’on s’était fixé un objectif inatteignable, c’est-à-dire d’être dans un bon quartier avec un loyer pas trop cher. On a donc cherché pendant très longtemps cet endroit. On a beaucoup visité puis on a arrêté, car on ne trouvait pas.

On a failli abandonner le projet à cause de cela. Et finalement, c’est un agent immobilier qui nous a proposé autre chose, c’est-à-dire un endroit qui n’était pas dans un super quartier, mais qui avait pour avantage d’être proche de chez nous.

Alors on y a réfléchi, on est venu voir l’endroit, on est restés très longtemps devant ce restaurant pour voir s’il y avait de la clientèle dans le quartier. Pour voir comment le quartier fonctionnait. Et on s’est rendu compte que ça fonctionnait très bien.

On avait négligé le fait qu’à côté de chez nous, il y avait un quartier qui nous correspondait. Et on est très content maintenant parce que c’est à côté de chez nous, on peut venir ici  ou rentrer à la maison en quelques minutes.

Cela nous permet d’aller chercher notre fille à l’école facilement d’ailleurs. Et ça, ce n’est pas négligeable. On est vraiment très content d’être là finalement, même si on n’est pas dans des quartiers où l’on s’imaginait au départ.

L’ouverture, le premier jour, ça s’est passé comment ? Vous étiez stressés ?

O : En fait, il y a eu plusieurs premiers jours. On savait que ça allait être très difficile le premier jour, du coup, on a fait des préouvertures en soirée où seulement des amis étaient conviés. On avait encore les bâches sur la vitrine, on avait peur que des gens rentrent (rires).

On a donc fait une semaine de test avec des amis chaque soir pendant six jours. On leur a expliqué le fait que c’était nos premiers soirs dans ce restaurant. On leur a demandé de nous dire ce qu’ils ont aimé, ce qu’ils n’ont pas aimé et pourquoi. Afin de profiter de leurs retours pour être au point le jour de l’ouverture au public.

Et comment se sont passés ces premiers soirs ?

À : En fait, les tout premiers soirs, on n’en menait pas large. Moi, j’avais très très peur.

O : Je crois qu’on a fait toutes les erreurs possibles dans la première soirée. Des plats trop compliqués, des choses trop difficiles à mettre en place. Et le lendemain, on a changé toute la carte, et on a corrigé ces erreurs.

Et quand on a vu que la porte s’est ouverte et ces trois premiers clients qui entraient, quand j’ai vu cette fille qu’on ne connaissait pas qui a poussé la porte, c’était une émotion tellement forte, rien que d’y penser à nouveau, j’en ai les larmes aux yeux, c’était magnifique.

Et le premier jour d’ouverture au public ?

A : Le premier jour, c’était un lundi. On a enlevé les bâches. On se demandait si quelqu’un allait rentrer ou pas. Et quand on a vu que la porte s’est ouverte et ces trois premiers clients qui entraient, quand j’ai vu cette fille qu’on ne connaissait pas qui a poussé la porte, c’était une émotion tellement forte, rien que d’y penser à nouveau, j’en ai les larmes aux yeux, c’était magnifique. D’ailleurs, ces trois premiers clients reviennent pratiquement tous les jours déjeuner ici.

Je sais que vous préparez tout vous-mêmes, qu’est-ce que cela implique comme horaires ?

O : Alors en fait, cela a changé depuis l’ouverture. Initialement, on faisait absolument tout. On faisait les achats, c’est-à-dire qu’on se levait tous les matins à 4 h pour aller à Rungis, on faisait toutes les préparations, ce qui n’a pas changé, mais on n’était pas assez rapides dans la préparation.

La journée type, c’était de 4 h du matin à 21 h le soir alors que le restaurant était fermé le soir. C’était très dur, mais je pense que c’est ce qu’il fallait pour démarrer parce qu’on n’avait pas assez d’argent pour se faire livrer ou engager quelqu’un.

Maintenant, ça va mieux, quelqu’un fait les courses pour nous et on se fait livrer au restaurant. On va déposer notre fille à 8 h 30 à l’école et on est quelques minutes plus tard au restaurant.

On fait les préparations le matin, le service le midi, le rangement et la vaisselle jusqu’à 16 h 30 et après on commence certaines préparations pour le lendemain, comme les pâtisseries ou d’autres choses qui doit se préparer un peu à l’avance. Et on termine aux environs de 19 h et pratiquement sans pauses, parfois sans manger. C’est une grosse journée, mais c’est du plaisir.

Financièrement, par rapport à ce que vous aviez prévu, c’est conforme à ce que vous pensiez ?

O : Oui, ça a très bien démarré. On est très au-dessus de ce que l’on avait prévu pour cette première année.

Et c’est dur de travailler en couple toute la journée ?

O : C’est vrai que ce n’est pas facile. Du matin au soir, on est tout le temps ensemble. Heureusement, on s’entend bien. Mais parfois, c’est un peu difficile. On est un couple et c’est bien d’avoir son petit espace de liberté et pendant un moment on l’a bien perdu.

Est-ce que vous êtes heureux ?

A : Oui, sans hésitation. On est contents d’avoir réussi.

O : Oui ! Et même si bosse plus que dans mes boulots précédents, je suis content, car on bosse pour nous, que c’est notre projet et que tout se passe bien, car ça aurait pu ne pas être le cas. C’est un projet qu’on a mené à terme et ça se passe bien.

On a une grande satisfaction qui est liée aux clients avec qui on discute tous les jours. Ils sont contents, ils viennent dans la cuisine pour nous dire que c’est bon, c’est exceptionnel pour nous.

Si vous deviez recommencer, est-ce que vous vous y prendriez de la même manière ?

A : On aurait tout fait de la même manière, car c’est grâce à nos erreurs qu’on a appris et sans ces erreurs, on n’aurait pas pu évoluer. On a fait des erreurs, mais elles n’étaient pas graves.

L’argent, c’est fait pour payer du rêve. Si on ne paie pas nos rêves avec notre argent, ça sert à rien.

Et si vous aviez des conseils à donner à des personnes qui souhaiteraient se lancer comme vous dans une aventure comme la vôtre ?

A : Quand on a envie, il faut le faire. Car si on ne le fait pas, on ne peut que regretter plus tard. Au début, on nous disait « vous êtes sûrs, ça coûte cher quand même, et si ça ne marche pas… », et on répondait toujours aux personnes qui avaient ce discours-là : « l’argent, c’est fait pour payer du rêve ».

Si on ne paie pas nos rêves avec notre argent, ça sert à rien. Sinon, on arrive à 60 ans avec plein de regrets, et on se dit « on aurait du le faire… ». Dans notre cas, même si ça n’avait pas marché, on s’est lancés, on a essayé et puis voilà, c’est comme ça, c’est la vie…

Et on est très contents de l’avoir fait. Et je dis vraiment à tout le monde : faites vraiment ce dont vous avez envie ! Car on a qu’une vie, parfois qu’une seule chance de faire des choses comme cela.

Merci à tous les deux, je reviendrai… pour manger (rires)

A : Merci.

O : Merci.

Si vous souhaitez allez essayer le restaurant d’Alessandra et Olivier, vous trouverez toutes les informations sur leur site Internet  :  http://www.tempero.fr


Comme Alessandra et Olivier tu as envie de changer de vie ou réaliser un vieux rêve ?

Un rêve se construit étape par étape. Essaye d’identifier ces étapes et jette-toi à l’eau. Par exemple, Alessandra s’est fait financer son CAP cuisine avec le CIF. Tu peux en apprendre plus sur le financement d’une formation avec notre article qui compare le CIF et le DIF.

S’informer c’est bien, mais agir c’est encore mieux. Et vous, quel est votre rêve ? 🙂

Interview réalisée par Sandrino

1 commentaire

  1. Bonjour à tous, cela m’a amusé de lire cette interview car j’ai retrouvé exactement le même cheminement que nous avons eu mon compagnon et moi il y a 20 ans! Nous n’étions pas du tout dans cette partie ni l’un ni l’autre. Nous travaillions à Paris et nous voulions partir à la campagne, nous avons choisi la Bourgogne du Nord à côté de Chablis. Et nous nous sommes lancés. Nous partions de zéro car le bâtiment que nous avions choisi était une ferme et pas du tout un resto, il a tout fallu imaginer et les deux premières années n’ont pas été simple mais nous y sommes arrivés et 20 ans après nous ne regrettons rien. A l’heure actuelle j’approche les 70 ans, nous avons décidé d’arrêter et nous recherchons un couple qui aurait les mêmes aspirations que nous et qui pourrait encore développer ce que nous avons créé. Surtout si vous en avez envie, faites le, franchissez le pas vous le regretteriez et si la Bourgogne vous tente contactez nous , nous sommes prêts à vous aider. A bientôt

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